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La fin de l'Etat Providence ? Ou la fin de l'Etat tout court ?

  • Eric Léger
  • 18 août 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 août 2020

La fin de l'Etat Providence ? Ou la fin de l'Etat tout court ?

La crise du Covid a servi de puissant révélateur de ce que l’on pouvait supposer : l’inefficacité de l’Etat.

Le sujet n’est pas ici de discuter des décisions politiques, bonnes ou mauvaises, dans cette séquence. Passée la reconnaissance coupable de l’absence de stock de masques, la course pour s’en procurer a permis de sacrer pour une fois le lièvre (le secteur privé) vainqueur de la compétition au détriment de la tortue (l’Etat).

Certains se sont mêmes scandalisés que ces masques aient déjà été en rayon de grande surface alors que notre assistance publique n’en avait toujours pas. Situation il est vrai choquante.

La vraie cible n’était cependant pas ces enseignes, qui n’avaient finalement fait que leur métier, mais l’Etat qui, malgré sa puissance théorique aurait dû logiquement permettre de se les procurer avant tout le monde.

Si ce n’était sérieux on pourrait se rappeler les pantalonnades dignes d’un mauvais film d’espionnage, où l’on nous racontait que les américains nous raflaient nos commandes de masques sur le tarmac au « cul » des avions, mais surtout à la barbe de nos représentants.

Faut-il s’en étonner ? Non, cette inefficacité a déjà été prégnante en d’autres circonstances.

Il y a heureusement longtemps que l’Etat n’est plus ni fabricant de voitures, ni de verres, d’emballages, de médicaments, ni banquier, ni chimiste,… Pour les plus jeunes : cela a bien existé ! Son incompétence aurait fait des ravages.

A bien regarder voilà des années que des pans entiers réservées jusque-là à l’Etat sont passés aux mains du privé. Même dans ses domaines régaliens. Rassurons nous, nous ne sommes pas seuls dans cette barque. D'autres nous ont précédés. Voilà maintenant bien longtemps que l’armée américaine sous traite de nombreuses prestations à des sociétés privés. En Irak elle disposait autant de sous traitants que de militaires. L’organisation des systèmes de santé du royaume uni ou des Etats-Unis sont depuis longtemps largement privatisées avec les conséquences que l’on connait notamment de l’accès rendu difficile pour les plus pauvres. Chez nous, la gestion des autoroutes, les radars routiers, la gestion du stationnement urbain, bientôt les aéroports, pour n'en citer que quelques uns...,

Petit à petit l’Etat abandonne des prérogative au privé, plus efficace, moins cher… et le mouvement n’est pas terminé. L’acheminement du courrier est pour bientôt, comme Outre Manche …. Le monde entier découvre avec le bitcoin et demain la Lybra que "frapper sa monnaie" n'est plus réservé à un Etat.

Revenons chez nous. On pourrait alors se dire qu’en abandonnant des services entiers, la charge globale imposée au contribuable devrait ainsi être allégée, que les prestations demeurant sous sa coupe s’en trouverait ainsi améliorer ... bénéficiant alors d’une meilleure attention et d’une concentration des moyens alloués.


Il n’en est rien. La pression fiscale n’a jamais été aussi élevée et les services n’ont jamais été aussi dégradés.

L’exemple le plus récent étant l’état de l’hôpital bien sûr, fruit de politiques de restrictions accumulées sur des dizaines d’années. Mais le délabrement est ailleurs aussi avancé, mais souvent moins visible. Faut-il évoquer, la police, la justice, l’armée, la recherche, l’éducation nationale ? Tous frappés du même mal : déficit criant de moyens qui conduisent à des prestations en berne.

On pourrait en écrire des pages.

Et pourtant dans le même temps le contribuable n’a jamais été aussi sollicité. contraste invraisemblable d’un pays qui se dresse les uns contre les autres, entre ceux qui n’ont plus de prestations et qui réclament des impôts pour les plus riches, et les plus riches qui n’ont jamais été aussi ponctionnés jusqu’à, pour certains, quitter le pays, et qui ne comprennent pas ce que l’on fait de leur argent. A juste titre.

Comment expliquer cette improbable équation sources de tellement de tensions. L’explication est simple : l’Etat est devenu de plus en plus lent, de plus en plus couteux, de plus en plus inefficace.

C'est un sujet d’organisation dont la responsabilité revient au politique. La réforme la plus urgente aujourd’hui et pourtant absente du débat, est bien la réforme de l’Etat. Profonde, totale, qui permettrait aux français de retrouver confiance dans leurs services publics, dans leurs institutions et dans leur personnel politique. En fait il est ici question de survie.

Survie ? Le fait que ce sujet soit absent des débats est inquiétant.

La glissade continuera et s'aggravera. Ou nous mènera t ‘elle ? Vers une privatisation de plus en plus importante de tous nos services publics. En somme la construction d’un monde où les plus démunis le seront encore plus.

Par ailleurs la crise continue à égrener le chapelet des quémandeurs en tout sens qui réclament de façon anarchique qui des compensations, qui des subventions, des aides, des soutiens, n’en jetez plus !

Chacun a donc sa part de responsabilités.

Si l’Etat providence doit effectivement assumer son rôle dans ces circonstances exceptionnelles, comme ce fut le cas dans les autres crises, l’afflux des demandes bien souvent accordées généreusement viennent chaque jour l’asphyxier un peu plus alors qu’il n’en peut déjà plus. Les dettes s’accumulent et il faudra bien les payer un jour. Ce n’est pas une hypothèse. C’est une certitude.

Dans ces conditions quels rôles et quels pouvoirs auront encore les Etats dans ce futur ? Probablement, de plus en plus réduits. La capitalisation d’Apple représente le PIB de l’Italie. Ultimement, des capitaux privés pourront t’ils un jour se substituer à un Etat en échange d’éponger ses dettes ?

Pardon, arrêtons, nous rentrons là dans la fiction.

Et pourquoi pas des chefs d’entreprise manichéens et brutaux à la tête des Etats ? Là c’est de l’exagération. Inimaginable !!

Attention, la machine est lancée.


 
 
 

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